couleuvre à collier

Nom scientifique Natrix natrix
Descripteur Lacépède
Année description 1758
Statut IUCN (Monde) LC
Famille Natricidae
Genre Natrix
Natrix natrix Natrix natrix

Introduction

Le serpent Natrix natrix est l'espèce de couleuvre à collier la plus largement répandue en Europe. À la suite de diverses réorganisations, plusieurs sous-espèces de la N. natrix ont été élevées au rang d'espèce (N. helvetica, N. astreptophora). Il existe encore un grand nombre de sous-espèces avec des motifs distincts.

Habituée aux milieux aquatiques, elle fréquente les zones marécageuses et les berges sauvages d'une vaste partie de l'Europe, incluant les pays scandinaves et la Russie. Elle est également présente en Asie centrale et mineure. Autrefois consommée par l'Homme, elle a longtemps été une compagnonne discrète des fermiers. En hiver, elle profitait des tas de fumier pour hiberner au chaud. Elle fût consommée jusqu'au Moyen Âge.

Aujourd'hui, même si elle n'est pas considérée comme menacée, ses populations sont de plus en plus clairsemées. En cause : la transformation des zones humides, la pollution agricole et le trafic routier. Sans oublier une maladie venue des États-Unis qui touche particulèrement la Grande-Bretagne. Des bassins importants de population existent toujours dans les Balkans, en Italie, en Turquie et dans la plupart des régions montagneuses.

Qui est-elle ?

Le genre Natrix

Pendant longtemps, les limites du genre Natrix ont été floues. Tous les serpents d'apparence similaire d'Eurasie et d'Afrique étaient regroupés en son sein. Après une première réorganisation, une partie des espèces asiatiques ont été rangées dans le genre Rhabdophis. Puis finalement, la plupart des espèces asiatiques et africaines ont été classées dans de nouveaux genres (Afronatrix, Sinonatrix...).

Ces réorganisations ont été importantes pour apporter de la cohérence au sein des espèces européennes. À sa suite, seules trois espèces subsistaient : N. natrix, N. maura et N. tessellata. Les deux premières sont exclusivement européennes. La troisième, N. tessellata, est eurasienne. En 1987, une nouvelle espèce, N. megalocephala, a été décrite dans le nord de l'Europe. Cette mise à jour reste sujette à débat.

L'espèce N. natrix est depuis longtemps divisée en un grand nombre de sous-espèces. En 2016, la sous-espèce ibérique N. n. astreptophora a été élevée au rang d'espèce. En 2017, la sous-espèce présente à l'ouest des Alpes, N. n. helvetica, a suivi le même processus. On compte donc cinq espèces décrites en 2021.

Toutes les Natrix sont communément appelées « couleuvre à collier ». Elles n'appartiennent cependant pas à la famille des Colubridae mais aux Natricidae. Ces serpents capables de nager en ondulant le corps sont les serpents les plus à l'aise dans l'eau en Europe. Certains sont spécialistes des apnées, aptitude qu'ils utilisent pour se cacher ou chasser discrètement poissons et amphibiens. En dehors de leurs escapades aquatiques coûteuses en énergie, les couleuvres passent une partie du temps à réguler leur température corporelle au soleil. Ces bains de lumière chauffant favorisent la reproduction et la digestion. Plus les journées sont chaudes et plus l'activité des couleuvres à collier est intense.

Le motif du corps de plusieurs espèces rappellent celui des vipères européennes. Cependant, contrairement à ces dernières, les couleuvres sont parfaitement inoffensives et ne sont pas venimeuses. Les morsures sont très rares, ces espèces préférant prendre la suite que d'affronter leurs potentiels prédateurs. Elles sont différentiables des vipères à leurs yeux avec une pupille bien ronde. La tête est également moins triangulaire.

En plus du motif mimétique avec les vipères, les couleuvres possèdent une panoplie de techniques d'intimidation et de ruses. Certaines espèces imitent les cobras africains ou les vipères quand elles sont menacées. Elles aplatissent leur tête pour mimer celle de leurs lointains cousins. Le mimétisme comportemental avec le cobra semble venir d'un lointain passé durant lequel ces serpents coexistaient en Europe.

Aujourd'hui, la technique permet toujours de tromper certains oiseaux migrateurs venant d'Afrique, méfiants envers les cobras venimeux. Outre cette parade, les couleuvres peuvent se faire passer pour mortes, en faisant couler du sang artificiellement du nez et de la bouche. Elles sécrètent également nombre de liquides odorants et répulsifs.

Chez les Natrix, les femelles sont toujours plus grandes. Lors de la saison du frai, mâles et femelles se regroupent pour copuler. La ponte a lieu dans une zone humide, sous la végétation ou dans un trou. Quand les conditions sont favorables, plusieurs espèces de Natrix peuvent pondre au même endroit. Un fait rarement observé chez d'autres genres de serpent.

Les populations des couleuvres Natrix ont longtemps prospéré avec l'humain. Les techniques d'agriculture ancestrales offraient des conditions favorables (fumier...) à leur hibernation et à la reproduction. Élevés au rang de divinité pendant une grande partie du néolithique, ces serpents ont peu à peu perdu leur aura avec le développement du christianisme. Aujourd'hui, ils ne sont pas menacés à court terme mais la plupart des populations sont en déclin. Les principales menaces sont la pollution agricole, l'assèchement des zones humides et le trafic routier.

Morphologie

  • Type
  • Taille femelle
    120 - 150 cm
  • Taille mâle
    65 - 85 cm
  • Motif
    tâches
  • Mimétisme
    végétaux
  • Longévité
    25 ans
  • Type
  • Taille femelle
    120 - 150 cm
  • Taille mâle
    65 - 85 cm
  • Motif
    tâches
  • Mimétisme
    végétaux
  • Longévité
    25 ans

Comment reconnaître la couleuvre à collier ?

Comme ses congénères, le corps est brun à olive, parfois gris. Elle est difficile à différentier de N. helvetica avec laquelle elle partage un grand nombre de caractéristiques morphologiques.

Comme son nom l'indique, elle possède un motif en forme de collier au niveau du cou. Celui-ci se manifeste par des tâches blanchâtres à ors avec une bande noire en amont qui rehausse les couleurs. Il est plus accentué chez les jeunes, s'estompe progressivement avec l'âge. Contrairement à N. helvetica, les tâches du collier sont toujours de couleur uniforme. Elles sont bicolores chez sa proche cousine.

Les écailles sont carénées, avec un relief présent au centre. Celles présentes sur la tête sont plus larges, parfois rectangulaires. On compte sept écailles labiales supérieures.

En dehors de ses congénères, les jeunes N. natrix sont parfois confondues avec la couleuvre d'Esculape (Zamenis longissimus) et la couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus). Le motif au niveau du cou est ressemblant, cependant ces deux dernières ne possèdent pas d'écailles dorsales carénées.

Différences entre mâles et femelles

Les femelles, plus grandes que les mâles, peuvent mesurer jusqu'à 1,50 mètre. Selon certaines croyances, des individus pourraient atteindre deux mètres. Ces faits n'ont jamais été corroborés par les scientifiques. Les mâles sont plus sveltes et de taille inférieure, mais leur queue est plus longue proportionnellement au corps. Ils possèdent également plus d'écailles.

Mode de vie & Comportement

  • Sociabilité
    solitaire
  • Rythme biologique
    Diurne
  • Venimeux
    Non
  • Alimentation
    prédateur

La couleuvre à collier est l'un des serpents les plus aquatiques d'Europe. Elle fréquente habituellement les eaux stagnantes ou de faible courant dans lesquelles elle chasse ses proies de prédilection : les amphibiens. Excellente nageuse, elle partage parfois son environnement avec d'autres couleuvres d'eau douce, comme N. Tessellata. La promiscuité entre diverses populations n'engendrent pas de comportement agressif. Bien qu'elle accepte ses cousines, la couleuvre est un animal solitaire en dehors de la reproduction.

En dehors de l'eau, elle prend le soleil sur les berges ou dans les habitats à la lisière des forêts. En raison de sa nature secrète et de ses fugues sommaires, une partie de sa biologie est encore à l'étude. Les longs bains de soleil permettent aux couleuvres de se réchauffer et favorisent la digestion.

Mâles et femelles se nourrissent des mêmes proies, mais dans des proportions différentes. Les femelles s'attaquent plus volontiers aux gros crapauds et parfois à de petits mammifères. Les mâles se concentrent sur les grenouilles et les têtards. En zone montagneuse, la couleuvre à collier chasse également les tritons et les salamandres. Lors de parties de chasse aquatiques, cette espèce utilise ses remarquables sens olfactifs. Elle est également capable de capter les ondes émises à la surface de l'eau par les amphibiens quand ils croassent.

Les mâles sont relativement sédentaires. Ils se déplacent principalement durant la saison des amours, entre mai et juin. Les femelles se déplacent avant et après la ponte, ce qui s'explique par la recherche d'une zone propice à la mise à bas. Elle profite du soleil pour se réchauffer ou digérer. À la moindre alerte, elle plonge ou cherche un refuge dans les végétaux.

Comme ses congénères, la couleuvre à collier peut déployer un arsenal de ruses et de tromperies pour échapper aux prédateurs. Si elle n'a pu prendre la fuite, elle peut tenter des parades d'intimidation en mimant d'autres serpents. Elle sait imiter la vipère et le cobra en aplatissant sa tête. Cette stratégie effraie en particulier les oiseaux migrateurs méfiants envers les serpents venimeux. Outre ce mimétisme comportemental, elle peut siffler fortement ou s'enrouler autour de l'agresseur, en déversant un liquide blanchâtre répugnant à partir des glandes cloacales.

La dernière parade, et non des moindres, est sa capacité à se faire passer pour morte ou pourrie. Elle se met sur le dos, ouvre la bouche, langue pendante, et laisse échapper du sang par le nez et la bouche. Elle régurgite également son liquide à odeur nauséabonde pour signifier à l'animal qu'elle est immangeable. À la moindre inattention du prédateur, elle s'éclipse furtivement dans la végétation ou plonge dans les eaux voisines.

Dès que la saison froide débute, la couleuvre à collier chercher un refuge pour hiberner. Durant cette période d'inactivité, elle réside dans des trous, tas de feuilles, souches d'arbres ou même dans des tas de foins. Elle peut également s'introduire dans des sous-sols ou des caves.

Reproduction

  • Mode de reproduction
    ovipare qui pond sur substrat caché
  • Taille de la ponte
    10 - 50 œufs

Comme chez les autres Natrix, mâles et femelles se reproduisent en groupe. Les plus gros mâles ont plus de chance de féconder les femelles au cours de ces longues activités coïtales.

Quelques semaines après la copulation, la femelle pond une trentaine d'œuf dans un abri humide et chauffé. Elle peut par exemple utiliser des trous de rongeurs ou d'anciens lits de ruisseaux asséchés. À la naissance, les jeunes sont indépendants et doivent apprendre à chasser seuls. Grands d'une petite vingtaine de centimètres, ils sont la proie de nombreux échassiers et mammifères durant les premières semaines.

Espèce inoffensive

La couleuvre à collier est d'ordinaire peureuse. Ces parades d'intimidation surviennent uniquement si elle n'a pas pu prendre la fuite. Les morsures sont très rares et sans danger.

D'où vient-elle ?

État de conservation des populations (IUCN)

Monde : LC
France : LC

Présence géographique & État des populations

Bien que largement répandue, compliqué de connaître son aire de répartition exacte après l'annonce de nouvelles espèces en 2016 et 2017. Elle est probablement présente en Angleterre, en Espagne, au Portugal et au nord de l'Afrique mais elle pourrait aussi être confondue avec les deux nouvelles espèces N. helvetica et N. astreptophora.

Elle est formellement identifiée de l'est du Rhin jusqu'à l'Asie mineure et la Mongolie. Quelques populations pourraient également vivre dans le nord de la Chine.

Quel est son habitat ?

Caractéristiques du milieu naturel

  • Température
    14 - 30 °C
  • Courant
    Modéré, Lent et Stagnant

Présentation du biotope

La couleuvre à collier est inféodée aux milieux aquatiques. Elle fréquente un large panel d'habitats, si tant est qu'il soit en bon état de conservation. Les concentrations sont plus élevées dans les zones marécageuses, aux abords des étangs, lacs et grandes rivières sauvages. Elle est également observée dans les mares et ruisseaux forestiers.

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Participation & Validation

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Références bibliographiques

Distribution and hybridisation of barred and common grass snakes (Natrix helvetica, N. natrix) in BadenWürttemberg, South-western Germany - Nadine Schultze - Hubert Laufer - Carolin Kindler - Uwe Fritz - Herpetozoa - 2019.

Evolution and phylogeny of the genus Natrix (Serpentes: Colubridae) - D. GUICKING - R. LAWSON - U. JOGER - M. WINK - Biological Journal of the Linnean Society - 2006.

The contact zone of the grass snake (Natrix natrix) in Switzerland - Maxime Chèvre - Université de Neuchâtel - 2015.

The Fifth Labour of Heracles: Cleaning the Linnean stable of names for grass snakes (Natrix astreptophora, N. helvetica, N. natrix sensu stricto) - Uwe Fritz - Josef Friedrich Schmidtler - Vertebrate Zoology - 2020.

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